La confiance des Français dans les médias

 Chaque année, notre baromètre Le Point/La Croix, qui mesure « La confiance des Français dans les médias », est l'occasion pour les journalistes de subir une douche froide : le scepticisme règne chez nos compatriotes.

Sondage


L es Français s'interrogent sur les informations délivrées par leurs médias. Traditionnellement, la radio - le média de l'instantané - obtient le meilleur taux de confiance (54 %) devant la presse (48 %) et la télévision (44 %). Néanmoins, l' intérêt des Français pour les informations délivrées par la presse, la radio et la télévision s'est accru : 76 %, en hausse de 4 points en un an...

Le petit écran subit, plus que les autres médias, une perte de crédibilité importante depuis 1999, avec un recul de 14 points. La télé, média de la célébrité, est-elle responsable du divorce plus général des Français d'avec leurs élites ? L'historien René Rémond et Cynthia Fleury, enseignante à Sciences po, répondent (ci-contre) .

Dans le détail, les « sceptiques » de l'information télévisée se recrutent davantage parmi les commerçants, artisans et chefs d'entreprise (67 % de méfiance), et tout aussi massivement chez les individus se réclamant de l'écologie politique (67 % de méfiance) et du Front national (63 %), deux cultures politiques contestataires.


Quid de l'Internet ? 


Le bouillonnement des blogs où chacun s'exprime à sa guise, la multiplicité des sources d'information que les moteurs de recherche combinent, la prolifération des rumeurs véhiculées sur la Toile font-ils d'Internet un média de « mauvaise foi » ? Outil nouveau, l'Internet génère encore un large taux de « sans opinion « (54 %). Mais une tendance se dessine : 24 % des sondés pensent que les nouvelles lues sur Internet sont crédibles, contre 22 % qui n'y croient guère. Ce qui signifie que l'Internet, le seul média qui échappe au filtrage des journalistes professionnels, ne génère pas plus de scepticisme que les autres moyens d'information...

Quant à la hiérarchie de l'information organisée par « les médias d'une façon générale » au cours de l'année 2005, il apparaît que, sur les 22 thèmes proposés, les Français se déclarent saturés par le flot des informations concernant le couple Nicolas et Cécilia Sarkozy. Pour 71 % des individus interrogés, les médias en « ont trop parlé » .

Curieusement, ce sont les sympathisants communistes (à 85 %) qui se disent les plus « saturés » .


 Les sympathisants UMP, eux, se situent, avec 72 %, juste au-dessous de la moyenne de la droite parlementaire (73 %). Le « ras-le-bol » touche moins les 18/24 ans (63 %), la seule tranche générationnelle dont les réponses se situent 10 points au-dessous de leurs aînés. Comme si les moins de 24 ans, gavés de téléréalité, étaient moins choqués par le traitement « people » de l'actualité politique. Les médias auraient aussi trop parlé de la grippe aviaire et de l'irruption des violences dans les banlieues en novembre 2005 (55 %), deux thèmes qui devancent d'une tête le retour de Zidane sous le maillot des Bleus (53 %).

Enfin, les sondés accordent tout de même un bon point aux journalistes quant au traitement des thèmes suivants : 


les attentats de Londres (66 %) et le cyclone Katrina (60 %). On remarquera qu'il s'agit de deux drames où l'émotion a, semble-t-il, été partagée par le plus grand nombre et ne fait pas débat. Ces scores élevés soulignent surtout la tendance profonde des journaux télévisés, où le compassionnel a submergé les reportages. Outreau, avec sa déferlante télévisée, en est la plus récente illustration


Ce sondage TNS Sofres a été effectué les 24 et 25 janvier 2006, sur un échantillon national de 1 000 personnes, âgées de 18 ans et plus, interrogées en face à face à leur domicile, selon la méthode des quotas.